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Congrès Annuel de la SFT - Paris, 25-26 novembre 2010
Toxicologie liée à l'environnement

Approche du Risque Emergent et Communication 

Luis CASTILLO ( luis.castillo@veolia.com )

Veolia Environnement Recherche et Innovation (VERI), Centre de Recherche sur l'Eau ; Chemin de la Digue BP 76 ; 78603 Maisons Laffitte.


Le développement de toute nouvelle technologie et/ou de tout nouveau produit peut conduire également au développement d'un nouveau risque soit pour la santé humaine, soit pour le maintien de l'équilibre des écosystèmes. Ainsi, en plus de faire face aux risques actuels, dont une grande partie est encore mal caractérisée, la communauté scientifique, et d'une façon générale le public, doivent faire face aux risques émergents issus du développement scientifique et industriel.

Le terme de “risques émergents” est ambigu tout en ayant l'avantage de distinguer ces risques des risques dits « traditionnels » qui sont eux toujours présents. Par émergent, il faut entendre qu'ils étaient précédemment inconnus et qu'ils trouvent leurs origine dans de nouveaux procédés, de nouvelles technologies, de nouveaux produits ou des modifications de l'environnement. Ces risques dans certains cas ne seront identifiés que longtemps après l'exploitation commerciale des développements scientifiques et industriels et pourraient être susceptibles de provoquer, à terme, des effets nocifs sur un écosystème et/ou sur l'homme. Il n'est donc pas facile de définir une classification précise des risques émergents car ceux-ci peuvent être liés à des facteurs d'apparition et/ou à leurs conséquences. Il pourrait ainsi être pertinent de réfléchir en termes de situations pouvant induire de nouveaux risques : nouvelles recherches scientifiques (travaux sur des organismes génétiquement modifiés…), nouvelles technologies (nanotechnologies…), nouveau contexte (pays en voie de développement, changement climatique), nouvelle population exposée (bébés exposés aux plastifiants dans les biberons), etc.

Le développement d'un système ou démarche commune d'identification des risques émergents permettrait aux évaluateurs de risques (Agences Sanitaires…) d'identifier les risques nouveaux et imprévus qui menacent la santé publique et celle des écosystèmes, et en alerter les gestionnaires (Autorités Publiques) des risques dès les premiers stades. Bien entendu un tel système d'identification des risques ne pourra être efficace que s'il est mis en place à l'échelle internationale, et mis en application harmonieusement. A l'heure actuelle, à notre connaissance, il n'existe pas encore un tel système international qui de plus, doit faire appel à une approche systématique avec des entrées de données de différentes sources scientifiques ; l'information peut en effet varier selon les disciplines concernées. Il est donc primordial d'identifier des indicateurs concrets permettant une compréhension facilitée de ces données.

Une fois un risque émergent identifié, il est primordial d'informer le public des risques potentiels nouveaux. Mais quel positionnement adopter sur un tel sujet aux multiples entrées thématiques (environnement, santé publique, consommation, recherche…)? Quels angles de communication doit on choisir : recherche, santé publique… ? Quels messages ? Le défi de la communication est tout aussi important lorsque ces risques sont associés à l'innovation scientifique pour laquelle les informations ou les données disponibles peuvent être limitées et dont les incertitudes scientifiques sont encore importantes et auxquelles il faut apporter des réponses. La communication sur les risques représente ainsi toujours un défi qui ne doit en aucun cas être ignoré, en particulier lorsque l'information est destinée à un public varié (professionnel, spécialisé, économique, généraliste…) et de cultures très différentes, comme le sont les 6 milliards des citoyens de la planète Terre, car nombre des risques auxquels nous sommes confrontés sont de plus en plus complexes et sont de nature planétaire. Il s'agit donc de sujets sensibles à manier mais aussi à appréhender. Le fait de communiquer sur ces sujets c'est réduire son exposition au champ des responsabilités, il faut donc agir pour ne pas subir car le responsable se trouve forcément dans ceux qui ne disent rien et pire ne font rien.

Pour palier les dangers de la vulgarisation, les préconisations pourraient être : cibler le public par la restriction du sujet traité à son domaine d'expertise, s'exprimer par des analogies et en allant en détail par l'exemple. De plus l'association du scientifique au communicant est tout aussi nécessaire pour transmettre le bon message, dans le bon contexte et au meilleur moment.