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Congrès annuel SFT - Paris, 23-24 octobre 2006
"Toxicologie de la pharmacodépendance aux médicaments et aux drogues"

Pharmacogénomique de la dépendance au tabac

Nicolas GAMBIER
INSERM U525, CEIP, CHU Nancy


Le tabagisme constitue l'une des plus graves épidémies de la deuxième moitié du XX ème siècle et reste un problème mondial de santé publique. Les données épidémiologiques apportent les preuves indiscutables du bénéfice à attendre de l'arrêt du tabac sur le plan santé. Mais le principal obstacle à l'arrêt du tabagisme est du au fait que le tabac est une véritable drogue entraînant une dépendance physique et psychologique ou psycho-comportementale.

La dépendance au tabac est un problème complexe, multifactoriel, mettant en jeu à la fois des facteurs génétiques et environnementaux. A ce jour, plusieurs études ont été menées afin de mettre en évidence une relation entre certains gènes candidats et la dépendance au tabac. Dans l'état actuel des connaissances, la nicotine apparaît comme le principal constituant expliquant les propriétés addictives du tabac. Plusieurs gènes sont impliqués dans les différents mécanismes d'action de la nicotine. Ces gènes appartiennent à la famille des récepteurs nicotiniques ou sont associés aux voies dopaminergique, sérotoninergique et adrénergique ou correspondent à des récepteurs opioïdes, cannabinoïdes ou à d'autres neuromédiateurs qui modulent le système de récompense.

Le métabolisme de la nicotine présente une variabilité importante d'espèces et d'individus. Il est reconnu que le cytochrome P450 2A6 est la voie principale (80 %) d'oxydation de la nicotine en cotinine. Des polymorphismes de ce CYP entraînant une activité augmentée ou diminuée pourraient avoir des conséquences sur le comportement des fumeurs comme la dépendance à la nicotine, la capacité de s'arrêter et le nombre de cigarettes fumées. Les fumeurs porteurs d'un ou deux allèles inactifs (CYP2A6*2, CYP2A6*3 ou CYP2A6*4 ) sont décrits comme des sujets commençant à fumer à un âge plus avancé, pendant une période plus courte et s'abstenant plus facilement que les sujets porteurs de « l'allèle sauvage » ( CYP2A6*1 ) alors que les sujets possédant l'allèle CYP2A6*1B et plus particulièrement les homozygotes, sont assimilés à des métaboliseurs rapides de la nicotine en cotinine et sont associés à un nombre plus élevé de cigarettes fumées par jour.

Néanmoins, il est clair que les variations génétiques du CYP2A6 ne représentent qu'une partie de la variabilité à l'addiction à la nicotine, d'autres variants génétiques pouvant être mis en cause.

Mots clés  : Tabagisme, Nicotine, CYP2A6, Polymorphismes