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Congrès annuel SFT - Paris, 23-24 octobre 2006
"Toxicologie de la pharmacodépendance aux médicaments et aux drogues"

Tératologie neurocomportementale des substances psycho-actives

Pr Hélène VERDOUX
Université Victor Segalen Bordeaux 2 et INSERM U 657, IFR99 de Santé Publique



Les études épidémiologiques suggèrent que la période périnatale est une période à risque au cours de laquelle l'exposition à des facteurs délétères perturbant le développement du système nerveux central cérébral pourrait augmenter la vulnérabilité pour les troubles psychiatriques de l'enfant et de l'adolescent. Si l'existence d'un probable lien causal entre exposition à des complications de la grossesse et de l'accouchement et risque accru de trouble psychiatrique est actuellement bien documentée, les données concernant le possible rôle délétère de l'exposition à des substances psychoactives sont plus éparses. Les plus étayées concernent l'impact de l'exposition intra-utérine au tabac sur la vulnérabilité pour les troubles des conduites et trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité. Les études sur les conséquences de l'exposition aux autres substances psychoactives illicites et licites reposent sur des méthodes peu rigoureuses, et leurs résultats sont plus difficilement interprétables.

Des médicaments autres que les substances psychoactives peuvent entraîner une tératologie neurocomportementale. Ainsi, l'exposition in utero aux diurétiques ou aux anti-inflammatoires non stéroïdiens pourrait augmenter la vulnérabilité vis-à-vis des troubles psychotiques. Les données de la littérature suggèrent aussi que les sujets exposés in utero aux œstrogènes de synthèse, tels que le diéthylstilbestrol (DES) pourraient présenter une vulnérabilité accrue vis-à-vis de la survenue de troubles psychiatriques, médiée par une action délétère des œstrogènes de synthèse sur le neurodéveloppement. Toutefois, une étude a été récemment conduite sur la cohorte Etude Epidemiologique de femmes de la Mutuelle Générale de l'Education Nationale (E3N)” E3N, par une enquête postale auprès de 1515 femmes traitées par DES pendant au moins une grossesse, qui ont été interrogée par une enquête postale sur le devenir psychiatrique de leurs enfants. Cette étude ne met pas en évidence d'excès de troubles psychiatriques chez les sujets exposés in utero au DES par rapport aux membres de leur fratrie non exposés .

Du fait de la fréquence d'exposition in utero aux substances psychoactives en particulier, et aux médicaments en général, des études doivent être mises en place afin de mieux caractériser les conséquences comportementales à long terme d'une exposition à ces substances.

Mots clés  :
substances psychoactives / tératologie neurocomportementale/ neurodéveloppement / troubles psychiatrique